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L'indicible douleur : quand le traumatisme enfoui refait surface


Et si on en finissait avec Œdipe ?

Itinéraire du soir, bonsoir !


Je vous laisserai le loisir de le lire à l'envie ce soir ou dans la semaine. Si je ne me mets pas d'obligation, je mets cependant un point d'honneur à vous livrer mes réflexions sur l'instant. Car les mots ont un sens, les pensées et interactions se rencontrent et créent chez moi des espaces où livrer n'est pas juste là pour dire mais aussi nourrir la réflexion de chacun. Et ce soir, quelques mots continuent leur roulis. Des vagues qui vont et viennent dans une valse permanente. A la découverte de ce que l’humain peut cacher ou médire sans s’en rendre compte. Alors ces mots, les voici :


"J’ai peur d’avoir un cancer…"


Ces mots, vous l’aurez compris, ne sont pas les miens, mais ceux d’une patiente qui, à cet instant, sent en elle l’angoisse avancer, grandir et surgir. J’ai peur d’avoir un cancer… Ce n’est pas tant le choix des mots ou l’émergence possible d’une maladie qui m’interpelle, mais la manière dont ces mots viennent cristalliser quelque chose de bien plus profond. Derrière cette crainte, il n’est en réalité aucunement question de maladie. Check up complet. Rien n'apparait. Non, en réalité, il s’agit de ce que ce mot "cancer" cache dans le fond : un traumatisme inavoué, celui d’une enfant blessée, que l’adulte, bien plus tard, découvre dans l’urgence, dans la souffrance.


C’est étrange de constater à quel point un événement, aussi anodin qu’il puisse paraître, fait ressurgir en nous une blessure enfouie que l’on a pourtant essayé de taire, d’oublier, voire de réprimer. C’est un paradoxe étonnant. L'humain, dans sa quête de maîtrise, tente de dire "non" à une souffrance latente, refusant de reconnaître sa présence, jusqu'à ce que l’invisible ressurgisse sous une forme inattendue, parfois terrifiante.


Alors, qu'est-ce qui se joue ici ?


 

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Bonne lecture à tous et surtout, bon dimanche !


 


Le corps, le mal et la peur de l'incontrôlable


Les événements de notre vie n’ont pas tous la même intensité. Mais certains, tels des fantômes, ressurgissent lorsqu’on s’y attend le moins. Et ce n’est pas l’apparition du "cancer" en soi qui fascine ou inquiète, mais ce qu’il symbolise. Le cancer est un mot lourd, lourd de sens, lourd de ce qu’il représente : la peur de l’incontrôlable, la peur du corps qui échappe à tout contrôle.


Il existe un moment, une fissure, dans la vie de chacun, où le contrôle est perdu, souvent brutalement. La peur que le mal surgisse là où l’on pensait pouvoir se protéger. Une peur viscérale. Un instant de fragilité absolue. Et lorsqu’on s’efforce d'éviter cette peur, elle finit par nous submerger.


Et voici ce que je pressens. La peur de la maladie chez ma patiente n’est pas une peur de l’avenir, mais une réactivation. La réminiscence d’une douleur ancienne, enfouie sous des couches de silence, d'oubli. Une peur du corps qui devient vulnérable à nouveau, comme il l’a été dans le passé. Cette peur n’est pas simplement celle d'une maladie grignotant l'organisme. Il s'agit en effet d'une peur beaucoup plus ancienne : celle du mal qui surgit sans crier gare. La peur de ne pas savoir se défendre. La peur d’un monde qui, bien trop souvent, vous échappe.


Et c’est cette peur de l'incontrôlable qui, sous le masque de la maladie, refait surface.


Un autre mal, une autre douleur


Lorsque cette patiente parle de cette peur, elle ne me parle pas seulement de son corps, ni même de la maladie. Elle parle du mal, du mal infligé dans son enfance, d’une violence qu’elle a vécue, mais que la société n’a jamais osé regarder en face. Une violence de l’intime. Un mal, parfois, si indicible qu’il demeure en silence, tapi dans l’ombre de l’inconscient. Mais le corps, lui, n’oublie rien. Chaque peur qui émerge aujourd'hui est, en réalité, la conséquence d’une injustice qui remonte à loin.


L’angoisse qu’elle éprouve aujourd’hui face à une maladie, certes réelle mais dans son cas imaginaire, semble être le reflet d’une souffrance plus ancienne. Un traumatisme vécu dans l’enfance, lorsqu'elle a dû faire face à une forme de violence insoutenable. Une violence qui, non seulement, fait surgir la peur, mais l’amplifie, l’étend. Cette peur d'un mal invisible devient alors un moyen de gestion, un mécanisme de défense : contrôler l’incontrôlable, se battre contre l’invisible.


Car oui, comment se défendre face à l’impuissance de l’enfant, face à la violence subie sans possibilité de riposte ?


Et si la peur du cancer n’était qu’une autre forme de lutte ?


Ce mécanisme de défense ne se limite pas à la simple peur de la maladie. Il se transforme en un combat intérieur : lutter contre ce que l’on ne peut contrôler, rejeter une douleur pourtant enfouie, essayer de maîtriser un corps devenu une terre inconnue. Il existe une forme de déni, parfois nécessaire, qui cherche à maintenir la frontière entre ce qui est subi et ce qui peut encore être contrôlé. Car accepter la vulnérabilité, c’est accepter la faiblesse, et ce n’est évident.


Mais tout cela, dans le fond, ne fait que repousser le moment où il faut faire face à ce passé, où il devient important d'accepter que ce qui a été enfoui, oublié ou refoulé refait surface. Le corps devient alors une représentation de cette violence, il en porte les stigmates. La peur du cancer, en tant que métaphore, devient un outil de gestion de l’impuissance face à une douleur ancienne et latente.


Introspection et guérison


La question reste la même : comment vivre avec ce passé qui nous rattrape sans crier gare ? Comment guérir de ce traumatisme enfoui ?


Et bien, selon moi, la clé réside dans l’intégration émotionnelle de ce qui a été vécu. Car l’émotion, ce n’est pas simplement ce qui nous traverse, c’est aussi ce qui nous fait exister. Ce qui nous fait sentir, aimer, souffrir, et guérir.


Pour ma patiente, comprendre que cette peur ne vient pas d’une maladie physique mais d’un traumatisme enfoui, que cette peur est possiblement une réactivation du mal vécu dans son enfance, c’est un premier pas vers la guérison. Accepter que la douleur soit là, qu’elle ait un sens, et qu’elle n’est pas un ennemi à repousser, mais un message à entendre.


Ainsi, en aidant la pensée à poser des mots sur nos peurs, à comprendre d’où elles viennent, nous ouvrons la porte vers un chemin de guérison. Un chemin où la douleur, bien que présente, n’est plus subie mais intégrée, comprise, et transformée.


Et que dire, si ce n'est que peut-être qu'un jour ce cancer, pourra-t-il s’effacer, laissant place à la compréhension, à la réparation et à la libération. Nous verrons. Music work in progress.


Cet itinéraire vous a plu ? Vous a donné envie d'échanger ? Discutons-en commentaire :)



 

Pour aller plus loin :


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Avec respect, bienveillance et authenticité, je sensibilise aux bienfaits de la musicothérapie et j'aide les femmes et les mères à mettre des mots sur leurs maux, et les accompagne dans la construction d'un environnement sain et sécurisant pour elles et leurs enfants.

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