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L'analyse n'est pas mon métier.

Photo du rédacteur: Lucile Les Sons NaissancesLucile Les Sons Naissances

Et si on en finissait avec Œdipe ?

Je n'ai jamais pensé que l'analyse pouvait être un métier. Un paradoxe, sans doute, mais je suis de nature peu orthodoxe. Pourtant, il me semble pertinent de commencer cette lettre ainsi : mes garçons aiment jouer aux Lego. Chaque jour, ils construisent des tours, recréent des structures allant d'une Ducati à la tour de Pise. Si, pour ma part, je perçois cela comme une belle capacité à se concentrer sur une tâche et une maîtrise de la lecture en trois dimensions, je dois avouer que cela m'inspire en substance le billet que je m'apprête à vous partager.


Depuis tout-petits, nous sommes amenés à "cultiver notre volonté". Cette volonté qui nait de l'intérieur, d'une envie, d'une idée, puis se mobilise au travers de nos fonctions exécutives que nous entraînons jour après jour. C'est ainsi que nous apprenons à marcher, à créer des tours, à nous concentrer durant un long moment, à cultiver cette volonté du faire et d'être dans l'instant. Je ne parle pas ici de pleine conscience ou d'éveil...ou peut-être est-ce cela sous une forme s'apparentant plus à ce que je connais. Vous rappelez-vous quand Rousseau écrivait et laissait Jacques parler sous sa plume en disant ceci : "Et comme le disait mon maître, il faut cultiver son jardin".


Cultiver son jardin. Je dois dire que c'est peut-être le seul élément fort dont je me rappelle de mon passage à l'école : la lecture de Jacques le Fataliste. A l'époque, je ne savais pas encore, mais je me rends compte à présent à quel point ces mots sont forts et lourds de sens.


Car ils nous amènent à nous repositionner dans notre espace, dans notre condition humaine.


Prêt.e à embarquer ?


 

L'analyse et l'identité


Comme je vous le disais, je n'ai jamais considéré l'analyse comme un métier. Et pourtant, je nous vois cultiver autre chose que notre propre jardin. Je nous vois nous perdre dans ces circonvolutions. Je vois l'esprit de l'autre s'éreinter dans des questionnements lui faisant perdre sa propre notion du soi, de sa propre identité. Mais ceci est-il ma place ? Après tout, vous lisez l'itinéraire d'une musicothérapeute. Profession dont les contours souvent flous, voire pour certains encore "parallèles", rendent la tâche de chaque praticien si difficile aujourd'hui pour tendre vers un positionnement clair et nécessaire de clinicien. Et quelle validité finalement ? Seul curriculum vitae sait. Autre sujet.


Mais alors, mes garçons fabriquant leurs Lego, rejouant le logos de la vie quotidienne, reproduisant musées, châteaux et monuments historiques… Point de regard sur cela puisque je ne filme pas, je n'Instagram pas. Non, j'observe, je regarde, et garde en mémoire pour mieux jouer avec eux et les écouter. Mais pour eux, point de curriculum vitae. Et puis, après tout, ce ne sont que des enfants. Le jeu est-il si important ?


L'étude de la psyché humaine et sociale


Depuis mon plus jeune âge, j’explore le développement humain, la philosophie et la psychanalyse. Oui, vous avez bien lu : au-delà de la musique, mon hobby a toujours été l’étude de la psyché humaine. Et oui, j’avais des ami·es – sommes toute, tout aussi singuliers que moi ! Et oui je l'avoue, Il m'est arrivé d'entendre derrière les lignes imprimées de ces si précieux ouvrages que j'affectionnais tant, que mon surnom fut parfois Matilda ou Mercredi Adams selon les croyances et goûts de certains ! (lol)


Jusqu’à récemment, conditionnements et croyances limitantes aidant (et je remercie mes propres résistances et névroses pour ces précieuses leçons de vie), je refusais d’admettre ce qui pourtant sautait aux yeux : si l’on venait à moi, ce n’était pas seulement pour ma bienveillance froide, mais pour ma capacité à observer, analyser et dire les choses avec une lucidité parfois tranchante, voire déroutante.(re lol, seuls les amis et patients savent !)


Une oreille attentive à chaque mot, un œil sensible à chaque mouvement corporel pour en comprendre la science et le sens (bien qu'il faille prêter attention à ne pas sur-interpréter : voyez, de retour, le jeu de dame là, comprendre sans interpréter, avancer les yeux bandés et aider l'autre à observer chaque pièce de sa pensée pour l'amener aux besoins fondamentaux de son animal-humain).


L'animal-humain et la quête de sens : entre le besoin de lien et de retour à l'essentiel


Car c'est bien cela dont il est question : l'animal-humain. Celui qui, à force de se croire supérieur, s'est perdu dans les limbes d'un monde qu'il ne comprend plus. Nous avons troqué nos instincts pour des dogmes, notre savoir-faire intuitif pour des procédures, notre reliance au vivant pour des concepts abstraits. Nous avons voulu éradiquer l'animal en nous, refuser sa voix, nous persuader que l'évolution consistait à devenir autre chose. Mais autre chose que quoi ? L'humanoïde, cet être hors-sol comme j'aime à l'appeler, déconnecté, ne sachant plus ressentir ? Nous tombons malades à force d'ignorer nos besoins, de refuser notre nature profonde. Nous souffrons du manque d'éléments, de temps, et surtout, de l'oubli d'autrui.


Car si nous sommes des animaux-humains, nous sommes aussi des êtres de lien. Dès notre naissance, nous avons besoin d'attachement, de regards, de contacts, de rythmes et de présences. Nous avons besoin d'une terre où planter nos racines, d'une mémoire vivante, d'un corps qui se souvienne et d'autres corps qui nous soutiennent. Mais dans un monde où tout s'accélère, où l'image a remplacé le vécu, où la performance a pris le pas sur l'existence, qui prend encore le temps d'écouter ce qui se passe en lui ?



Qui êtes-vous, au-delà des apparences ?


Nous errons, enfermés dans des existences rationnelles, croyant que tout cela est normal. Mais normal pour qui ? Normal selon quelle grille d'analyse ? Nous avons oublié de nous regarder véritablement, de questionner ce que nous sommes au-delà des masques, des statuts, des obligations. Nous avons oublié que nous ne sommes pas de simples exécutants d'un système, mais des êtres en quête de sens.


Je ne suis pas orthodoxe, c'est un paradoxe. Je vous rassure, vous ne l'êtes pas plus, alors acceptez-vous, et soyez comme l'a si bien dit Carl Gustav Jung :


"Celui [ou celle] que vous avez toujours été. "

D'ailleurs, jetons-nous à l'eau (pas littéralement bien sûr, le temps ne s'y prête pas vraiment… quoique !) : qui êtes-vous , en dehors des apparences et des archétypes ? Au-dessous de toutes vos étiquettes professionnelles, statutaires, des personnages publics que vous nous présentez chaque jour si joliment ?


Ces enveloppes d'humanoïdes parfaits, souvent torturées de l'intérieur (à vrai dire nous le sommes tous !), et qui sans relâche vous mènent vers cette course désespérée. Vous qui peut-être croyez en une fin qui n'est peut-être pas véritable (avez-vous vu le film Supernova ? Si ce n'est pas le cas, courez le regarder !). Alors qui êtes-vous vraiment, mais surtout que voulez-vous ?


Car au bout du chemin, que l'on croit fin, sans jamais en voir le bout, chacun devra faire face aux derniers sursauts de son personnage de l'ombre. Celui que vous connaissez si bien, puisqu'il est vous, et qui viendra prendre la rançon de ses besoins inavoués. Peut-être est-il même déjà passé vous torturer l'esprit, au point que vous ne savez plus pourquoi ce schéma se reproduit, pourquoi est-ce ainsi ?


Alors, je vous repose la question : Qui êtes-vous ?


Mais surtout : quel est votre besoin ?


Au-delà des rôles que vous jouez chaque jour, que reste-t-il ? Êtes-vous encore capable d'écouter votre propre voix intérieure, ou bien est-elle noyée sous les injonctions extérieures ? Savez-vous encore ce qui vous anime, ce qui fait battre votre cœur ? Avez-vous un rêve, une envie inavouée ?


Pour beaucoup de mes patientes, la reconstruction passe par là. Désincarnées, violentées, elles ne peuvent continuer ainsi à s'oublier, se soumettre ou à se fuir. Et dès lors, comme elles, vient le temps pour nous de réapprendre à cultiver notre jardin, à prendre soin de notre terre intérieure, à nous reconnecter à notre propre nature. Non pas en rejetant notre humanité, mais en acceptant pleinement cette dualité qui nous constitue toutes et tous : nous sommes à la fois chair et pensée, instinct et réflexion, ombre et lumière.


Nous sommes des animaux-humains, et il est temps de nous en souvenir.


Chers lecteurs, chères lectrices, à vous de jouer. Si cet itinéraire vous a plu, discutons-en en commentaire et pour toute prise de rdv ou intervention dans votre structure : www.lessonsnaissances.com :)








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Avec respect, bienveillance et authenticité, je sensibilise aux bienfaits de la musicothérapie et j'aide les femmes et les mères à mettre des mots sur leurs maux, et les accompagne dans la construction d'un environnement sain et sécurisant pour elles et leurs enfants.

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